mercredi 9 juillet 2014

Départ imminent

Je suis allé ce matin mouiller Bara Gwin aux "flats", zone dans laquelle se déroulent les inspections des bateaux avant le transit par le canal. L'inspecteur s'est évidemment pointé alors que je m'apprêtais à passer à table. Bonhomme sympa, il m'a tout bien expliqué, ne m'a pas pris le chou puis est reparti à bord de sa vedette, me laissant bouffer mon riz froid... Ce soir, mail de confirmation, je passe les écluses de Gatún vendredi! YES!!! Nuit de vendredi à samedi sur le lac de Gatún, écluses de Miraflores samedi aprème, samedi soir je suis dans le Pacifique. Tout est allé plus vite que je ne l'escomptais, j'en suis ravi. Heureusement que j'avais commencé par régler mon problème de batteries, tout va bien de ce côté là. Demain, grosses courses de bouffe car il va falloir vivre sur les réserves un moment et plein de gas-oil, faudrait pas tomber en rideau au milieu du canal...
Si je n'ai pas le temps de poster un nouveau message avant le départ, les prochaines nouvelles viendront des Marquises donc ne vous impatientez pas, 3800 milles avec la traversée du pot-au-noir, ça va demander un moment. Je table sur un minimum de 5 semaines mais ne vous inquiétez pas avant 5 mois.

dimanche 6 juillet 2014

Grenade-Panama


Bara Gwin a retrouvé son élément le vendredi 27 à 13h30. Départ immédiat, cap à l'ouest, trop longtemps qu'on attend ça, tous les deux. Navigation au grand largue, sous génois seul, tangonné. Première impression voluptueuse, il avance à une vitesse que je ne lui avais pas connue depuis longtemps, le carénage lui a fait un bien fou, il semble aussi content que moi de reprendre la mer.
La première nuit fut compliquée. Vers 2 heures, en vérifiant mes instruments, je m’aperçus que mes batteries se vidaient à tout allure. Or, sans batteries, plus de pilote ! Ceux qui ont eu l'occasion de barrer mon bateau, le seul bateau imbarrable au monde, comprendront l'angoisse... Après avoir vérifié tous les consommateurs la conclusion s'impose, cela vient de l'hydrogénérateur qui ne produit quasiment rien, alors que le pilote continue à consommer beaucoup. Je vérifie les connexions à l'intérieur, tout est normal, pas de bol. Cela signifie que le problème vient de la partie immergée. Il faut donc remonter le bestiau, de nuit dans 20 nœuds de vent et la mer qui va avec. La remontée n'est pas trop difficile et, effectivement, un paquet d'algues empêche l'hélice de tourner. Une fois libérée, celle ci ne semble pas endommagée, ouf, soulagement ! Après la remontée, reste la descente... A plus de 6 nœuds, la force exercée sur la partie immergée est telle, qu'il m'est impossible de la bloquer en position basse, il faut donc mettre en panne, bout au vent, et là tout devient plus facile. Remise en route et, miracle, les batteries recommencent à se charger ! Le pilote va pouvoir continuer à travailler et moi à ne rien faire, sinon la popote, lecture et contemplation.

Vidéo n°1 : https://www.youtube.com/watch?v=g_UUhhk4Eoo&feature=youtu.be

Lundi 30 juin. Nous sommes juste au nord de Curaçao et je savoure ! Finie la touffeur du chantier qui me faisait ruisseler de sueur dès 9h le matin. Grâce au vent, le température dépasse rarement les 30°. Finis également les moustiques et les yen-yens, ces petites mouches hématophages qui vous bouffent les chevilles et les mollets, les faisant enfler (qui a dit que c'était déjà fait ?). Je vais bientôt pouvoir enfiler à nouveau mes bottes en caoutchouc...Mwahahahahahaha !
Bara Gwin marche mieux que je ne l'aurais espéré, plus de 6 nœuds de moyenne pour le moment, alors même que, comme il me faut manger et dormir, je ne peux passer mon temps à peaufiner les réglages. Ce n'est ptète pas la Marie-Josèphe, mais c'est un bon bateau.
 

Mardi 1er juillet. Pas beaucoup dormi, la nuit dernière. Beaucoup de trafic à l'embouchure du Golfe du Venezuela, donc beaucoup d'attention à porter à tous ces bateaux qui ne me voient peut-être pas. Pas grave, je rattraperai par des siestes aujourd'hui. Le vent a forci, un bon 6 Beaufort, parfois 7. J'ai réduit la voilure pour ne pas fatiguer le bateau, mais malgré ça, je vais faire une journée record.

Vidéo n°3 :  https://www.youtube.com/watch?v=dzHfL-siYEQ&feature=youtu.be



Jeudi 3 juillet. Grosse galère depuis hier, le pilote s'est mis en grève. Après les 2 journées record de mardi et mercredi, il a commencé à donner des signes de fatigue, ne réagissant que lentement et à contre-temps, avant de refuser définitivement tout effort supplémentaire. Une alarme m'indique que la batterie est trop faible, alors qu'elle est pleine. De plus, mon tableau électrique s'éteint parfois complètement avant de se rallumer (pour l'instant...) tout seul. Il doit y avoir un court-jus ou un mauvais contact quelque part, mais je n'ai pas encore trouvé le défaut.
Toujours est-il que je dois barrer, quelle horreur, mais je ne peux y passer mes journées et mes nuits. Lorsque je quitte la barre, je mets le bateau à la cape ce qui réduit la vitesse à 1 ou 1,5 nœud. 250 milles me séparent encore de Panama. Avec le pilote ce serait l'affaire de moins de 2 jours, sans pilote il va me falloir 4 ou 5 jours pour arriver. Enfin, j'ai de l'eau, de la bouffe et du tabac en quantité suffisante... Et du rhum, hi, hi, hi !

Vendredi 4 juillet. Euréka ! Le tableau électrique s'éteignant de plus en plus fréquemment, j'ai testé les batteries au multimètre et, en fait, elles sont complètement cuites et ne tiennent plus la charge, alors que mon gestionnaire de batterie m'indique que tout va bien. Faudra revoir ça à Panama. En attendant, mise en route du moteur et, grâce à l'alternateur, le pilote fonctionne ! Régime au ralenti, juste pour débiter suffisamment de courant et on avance à la voile. Pas très marrant, mais mieux que de passer 4 jours vissé à la barre . Du coup, je suis libre de faire autre chose, notamment regarder dehors,  et, coup de bol, un groupe de 5 dauphins vient danser devant l'étrave.

Vidéo n°4 : https://www.youtube.com/watch?v=9fHH47jEDF8&feature=youtu.be

Dimanche 06 juillet. Enfin, après une nuit quasi-blanche passée à zigzaguer entre les cargos et autres porte-containers, me voici à Colon, porte du canal côté atlantique. Evidemment, nous sommes dimanche et je ne peux rien faire d'efficace, ce sera donc repos!

embouteillage de bateaux, prenons garde...
Pour les profanes, tous les triangles gris sont des bateaux en mouvement. J'essaie de me tenir à l'écart.

Tableau de marche:
1er jour: 145 milles
2ème jour: 151 milles
3ème jour: 146 milles
4ème jour: 161 milles
5ème jour: 173 milles
6ème jour: 93 milles
7ème jour: 72 milles
8ème jour: 108 milles
9ème jour (incomplet): 96 milles

 


P.S. J'escomptais intégrer les vidéos dans le blog, mais n'y suis pas parvenu, peut-être une connexion internet trop lente. J'essaierai à nouveau une autre fois, sauf si vous me dites que les vidéos vous gavent et que vous préférez des photos... Mais les photos au large, ça ne rend pas grand chose !